lundi, août 22, 2016

LES MASSACRES DE BENI

(Au centre, de g.à.d) Martin Kobler, chef de la Monusco et Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu, assistent à la cérémonie d’hommage aux civils tués mardi à Beni par des hommes armés (Le 17/10/2014).

Un massacre de civils a été perpétré dans la nuit du mardi à mercredi 12 mai par des hommes armés à Mapiki et Sabu, deux villages du secteur de Beni–Mbau situés à près de 30 Kilomètres au nord-ouest de la ville de Beni (Nord-Kivu). Selon la société civile locale, une vingtaine de personnes ont été tuées à la machette. Sur place le mot d’ordre de ville morte est toujours observé.
C’est aux environs de 19 heures locales mardi, que des hommes armés ont fait une incursion à Mapiki et Sabu. Selon des sources locales, les assaillants ont découpé à la hache et à la machette plusieurs habitants causant la mort d’une vingtaine d’entre eux.
Sept civils ont ainsi été tués à Mapiki et quinze à Sabu, selon un bilan livré par Teddy Kataliko, le président de la société civile du territoire de Beni.
L’administrateur du territoire de Beni, Amisi Kalonda, confirme ce nouveau massacre. Mais il précise que jusque-là, seule une dizaine de corps ont été retrouvés par les services de sécurité dépêchés sur les lieux.
L’administreur Kalonda appelle par ailleurs les populations de sa juridiction à quitter rapidement les zones reculées et à se rapprocher des positions des Forces armées de la RDC.
Appel à la vigilance
Ces nouvelles tueries interviennent moins de 24 heures après le séjour du vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur à Beni, Evariste Boshab, qui était en mission d’évaluation de la situation sécuritaire dans la région.
A la fin de sa mission mercredi à Beni, le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur a appelé la population locale à la vigilance pour faire obstacle aux groupes armés qui endeuillent les familles de cette partie du Nord-Kivu.
Evariste Boshab, qui n’a pas révélé aux médias les mesures prises par le gouvernement pour stabiliser la région, a affirmé mercredi avant son départ de Beni que le bilan de sa mission dans cette ville est positif.
Implication de la société civile
Sur place à Beni, la société civile locale suggère la signature d’une feuille de route conjointe avec le gouvernement en vue d’assurer la protection des civils dans ces entités. Le président de la société civile de Beni, Teddy Kataliko, est d’avis que cette démarche pourrait définir les responsabilités dans la recherche de la paix dans cette région:
«Nous avons présenté l’analyse du contexte en ville comme en territoire de Beni qui est caractérisé par les massacres des civils, mais aussi des incursions de par les pays voisins et qui implique quelque part un questionnement sur l’efficacité de nos forces de sécurité en ce moment précis […] Et ensemble, on s’est mis d’accord sur une feuille de route pour l’évaluation et cette feuille de route devrait être approuvée par les deux parties ; donc dans le cadre de partenariat entre l’Etat et la société civile».
La proposition d’un cahier des charges sur la question a été présentée mercredi par la délégation de cette structure citoyenne Evariste Boshab lors de ses rencontres avec les forces sociales locales.
Ville morte
Sur place à Beni, le mot d’ordre de journées villes mortes lancé par la société civile pour protester contre l’insécurité est suivi. Le marché central Kilokwa et les commerces dans la ville n’ont pas ouvert malgré l’appel à la reprise d’activités lancé mercredi par le gouverneur Julien Paluku.
Dans les différentes agglomérations au Nord de la province, les habitants disent observer la ville morte pour compatir avec la population victime de Beni et exprimer leur consternation face à ces massacres récurrents.
Pour la cité d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni, ce jeudi est le deuxième jour des journées ville morte et de deuil. Selon la société civile locale, la colère gagne toute la population locale.
Depuis tôt ce matin, un grand nombre d’habitants s’est dirigé vers la morgue d’Oïcha pour vérifier si un ressortissant de leur coin figure parmi les victimes de la nuit dernière. Toutes les activités sont restées paralysées et plusieurs familles continuent de se déplacer pour se réfugier vers la cité et la ville de Beni.
A Butembo, les activités tournent au ralenti depuis ce matin. Dès l’annonce du dernier massacre, certaines boutiques ont commencé à fermer leurs portes et une psychose se lit sur les visages des habitants.
D’autre part, dans la localité de Bunyatenge, c’est le troisième jour ce jeudi qu’on observe un arrêt des enseignements dans les écoles catholiques. Toutes les activités socio-économiques sont à l’arrêt.​

LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES EN REP. DEM. DU CONGO

http://m.lalibre.be/actu/international/rdc-une-amnistie-qui-ne-passe-pas-57b7825835704fe6c1dc22c9
 
Ce vendredi, le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, comme il l'avait annoncé voici quelques jours, a libéré des prisonniers politiques pour tenter de « décrisper » la tension politique en rencontrant une des demandes formulées par le Rassemblement de l'opposition.
Mais la liste des prisonniers concernés par ce « geste de bonne volonté » n'est pas vraiment du goût des opposants qui ne retrouvent pas dans cette liste, notamment, les noms de Diomi Ndongala et de de Jean-Claude Muyambo, deux prisonniers politiques incarcérés de longue date à Kinshasa.
Pour les membres du collectif pour la Lutte pour le Changement (Lucha), devenu un des symboles du combat contre la tentative de Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir, ce geste présidentiel « n'est absolument pas satisfaisant », écrivent-ils dans un communiqué.
« Joseph Kabila se moque de nous », nous explique un membre de ce mouvement. « La liberté provisoire dont bénéficieront Fred Bauma et Yves Makwambala (deux figures centrales de ce mouvement) est une mesure carrément fantaisiste! Une cessation des poursuites serait mieux indiquée. Kabila a reconnu qu'on n'était pas des terroristes. De ce fait, toutes les accusations devraient tomber contre Yves et Fred. La liberté provisoire n'a donc pas de sens. Le pouvoir veut, par cette demi-mesure, les tenir en laisse en gardant la possibilité de rouvrir le dossier à tout moment.C'est évidemment tout à fait inacceptable »
L'opposition congolaise dans sa quasi totalité pointe un doigt accusateur en direction du ministre de la Justice, Alexis Thambwe. Pour la Lucha, ce ministre « n'a tout simplement pas respecté la parole du Chef de l'Etat. Joseph Kabila a donné sa parole d'honneur en promettant la libération de tous les membres de la Lucha à Kinshasa. Or, nous constatons que seuls deux ont été libérés et encore de manière provisoire, tandis que 4 autres croupissent toujours dans les geôles de Kinshasa. ».
Des libérés... déjà libérés
Autre élément à charge du ministre de la Justice de la RDC, le fait que la plupart des prisonniers qui bénéficient de cette amnistie avaient déjà été libérés. « Sur les 26 noms qui bénéficient de cette largesse, 20 au moins avaient déjà quitté la prison », explique un membre de la Dynamique de l'opposition congolaise. Pour la Lucha, cette « erreur démontre à souhait soit la volonté de se moquer de nous, soit la méconnaissance coupable du ministre de la Justice, ce qui serait encore bien plus grave. Seuls quatre détenus d'opinion (Christopher Ngoy, Jean Marie Kalondji, Yves Makwambala et Fred Bauma) sont encore en prison. Les autres sont des hommes libres ».
Le « geste de bonne volonté » de Joseph Kabila ne fait donc finalement qu'accroître la colère de l'opposition et des mouvements citoyens congolais.
« Ces libérations étaient un des prérequis pour que nous acceptions de participer au dialogue national inclusif qui doit permettre d'aller vers des élections apaisées. Un des prérequis qui ne nous satisfait pas et nous espérons que la communauté internationale qui est très attentive à la situation en RDC ne se laissera pas berner par ce geste », explique un autre opposant. « Joseph Kabila et son ministre de la Justice ne font que jeter de l'huile sur le feu. Ils savent que nous ne pouvons pas être satisfaits par ces libérations qui n'en sont pas, mais ils espèrent que les parrains internationaux du dialogue se .laisseront gruger. La situation ne fait que s'envenimer.»
Tous fixent rendez-vous le 20 septembre pour « une grande démonstration de force si rien n'évolue vraiment d'ici là et si, surtout, la Commission électorale nationale indépendante ne convoque pas la présidentielle le 19, comme le prévoit la Constitution», met en garde un des leaders de la Dynamique. « Nous savons que ces pseudo libérations doivent surtout servir à permettre à certains pseudos opposants tentés par les promesses de postes alléchants et rémunérateurs d'entrer dans le dialogue dont la population congolaise ne veut pas entendre parler dans sa très grande majorité. »